Projets d’usines marémotrices

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Dès le XVIIIème siècle, des scientifiques s’interrogèrent sur l’avenir des moulins à marée. En 1737, Belidor, professeur à l’École d’artillerie de la Fère, proposa une utilisation rationnelle des cycles, grâce à des bassins conjugués. D’autres imaginèrent des dispositions originales comportant plusieurs bassins.
Les premières tentatives “sérieuses” pour dépasser le stade des moulins à marée eurent lieu après la Première Guerre mondiale, entre 1919 et 1923. Plus d’une vingtaine d’emplacements ont été retenus puis examinés :
♦ 1890 : l’estuaire de la Seine.
♦ 1919 : la Baie de la Rochelle.
♦ 1921 : la Baie d’Arcachon, l’embouchure de la Loire, la Baie du Croisic et le Golfe du Morbihan.
♦ 1920-1942 : l’estuaire de Morlaix, la Baie de la Freisnais, la Baie de Saint-Briac …
Mais finalement la plupart n’aboutirent pas car ils n’étaient pas viables. .

La Rance : un site tout trouvé !

Pour être rentable, une usine marémotrice doit remplir trois conditions :
- être située dans un site remarquable en ce qui concerne les marées, c’est à dire que l’amplitude soit importante.
- posséder un emplacement favorable pour la construction de l’usine.
- bénéficier d’un réseau électrique proche, assez puissant.
A la Richardais, dans l’estuaire de la Rance, ces conditions étaient réunies ! Les proportions de l’estuaire (possibilité de créer un grand réservoir), une protection naturelle contre la houle du large, l’amplitude de la marée (jusqu’à 13m50 aux grandes marées d’équinoxe), faisaient donc de la Rance maritime un site privilégié pour établir une usine marémotrice !!

... Remarque : dans le Finistère, à Aber-Wrac’h en 1925, une usine commença à être construite, mais faute de financement, elle ne vit pas le jour. Cependant, ce début d’Usine Marémotrice servit de modèle à l’usine marémotrice de la Rance.

Qu’est ce que l’Usine Marémotrice de la Rance ?

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L’Usine Marémotrice de la Rance s’étend sur une longueur de 750 m et descend jusqu’à -15 m par rapport au niveau 0 CM (cartes marines). Le bassin peut contenir 184 000 000 m3 entre 0 et 13.5 CM sur une étendue de 200 km. Elle est principalement constituée d’une usine, de 24 groupes bulbes et du barrage mobile de 6 vannes.

Un peu d’histoire …

C’est en 1943 que la Société d’Etude pour l’Utilisation des Marées (SEUM) commence à étudier ce projet consacré à la création de ce barrage. En vue de sa création, on fait appel à Louis Arretche en tant qu’architecte conseiller.

En effet, il parle ici d’une des régions dont l’amplitude des marées est une des plus importantes au monde (jusqu’à 13.50 m aux grandes marées d’équinoxes) et qui se situe entre la pointe de la Briantais et la pointe de la Brebis. De plus, la possibilité de créer un grand réservoir grâce à un bassin, permet d’obtenir une forte production d’énergie.

Les premiers chantiers débutèrent dès janvier 1961 avec deux années de travaux consacrés à la création d’une zone sèche, par la mise en place de deux barrages de part et d’autre de la future usine.

Enceinte principale des batardeaux en cours d'achèvement, le 31 août 1963

L'enceinte asséchée, la construction de l'usine peut commencer



C’est une fois la Rance coupée que commencèrent, le 20 juillet 1963, trois ans de travaux pour la construction de l’usine elle-même.


barrage en construction




inauguration par le général de Gaulle



Voici un lien vers une vidéo très intéressante sur l’Usine Marémotrice de la Rance, de sa création jusqu’à maintenant: http://jeunes.edf.com/mod/voir/l-usine-maremotrice-de-la-rance,1362?page=1 .


Pour ceux qui préfèreraient une vidéo d’archive, en voici une sur l’inauguration et la construction du Barrage de la Rance: Edition spéciale : inauguration du barrage de la Rance.